Pro bono malum : le Négromant venu d’ailleurs

Gorris Rosanna
2020-01-01

2020
Arioste, Négromant, genre comique, humanisme « irrégulier » ferrarais, Renaissance ferraraise
Même si l’importance de l’Arioste en tant qu’auteur de théâtre, soucieux de refonder le genre comique et de le rendre plus ancré dans la réalité, n’a pas toujours été reconnue, ses comédies, qu’il n’a cessé de réélaborer parallèlement à la révision de l’Orlando furioso, témoignent de l’évolution de sa pensée, de plus en plus caractérisée par un désenchantement ironique et par la remise en question de la notion de dignitas hominis, et révèlent les enjeux culturels de la Ferrare de son temps. Le Negromante, en particulier, qui met en scène un personnage « étranger » par excellence, incarnation de la figure ambiguë du charlatan, cristallise les réflexions de l’Arioste sur des thèmes fondamentaux qui sous-tendent l’humanisme « irrégulier » ferrarais, à savoir l’astrologie, la magie, mais aussi la présence des juifs dans la société. Dans cet article, qui retrace la genèse de cette comédie et les transformations qu’elle subit dans le passage de la première à la deuxième version, le Negromante est également mis en relation avec l’Herbolato, un long monologue prononcé par un personnage fictif, Antonio Faventino, derrière qui des études récentes ont reconnu l’un des représentants les plus illustres de la Renaissance ferraraise, Antonio Musa Brasavola. Entre ces deux textes, qui forment une sorte de diptyque et qui dénoncent la corruption des mœurs et la perte de la précellence de la raison, la descente vers les territoires de la miseria hominis étant illustrée par de nombreuses métaphores animales, il existe en effet un jeu de miroirs qui jette des lumières sur l’un et sur l’autre pour souligner toute l’ambiguïté des personnages de Maestro Antonio Faentino et de Iachelino, l’herbolato et le negromante, « étranges étrangers » qui auront une fortune immense dans la culture européenne. En conclusion, l’article analyse la traduction française du Negromante, parue en 1573 et qui occupe une place centrale dans l’évolution de la comédie en France, et notamment les choix du traducteur, Jean de La Taille, qui cherche à édulcorer le langage de l’Arioste, souvent violent ou vulgaire, tout en multipliant les italianismes et les références à la réalité italienne et ferraraise, dans le but de renforcer le sentiment de dépaysement face à l’univers de la sorcellerie.
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Utilizza questo identificativo per citare o creare un link a questo documento: https://hdl.handle.net/11562/1038033
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