La littérature de l’extrême contemporain produit ses propres figurations des lieux infernaux, dans lesquelles la réécriture de la tradition s’accompagne d’inventions ludiques et ironiques. Jean Echenoz dans Au piano (Minuit, 2003) représente un au-delà composite: après sa mort, le protagoniste se retrouve dans un «Centre de tri» des âmes, à mi-chemin entre un hôpital et un grand hôtel; d’ici il sera envoyé dans un enfer qui n’est rien d’ autre que le monde réel, dans lequel cependant il ne pourra reprendre sa vie précédente. Dans Une femme changée en bûche de Marie NDiaye (Minuit, 1989), la protagoniste tue son enfant grâce à l’aide du Diable et prend le train pour aller revoir son ancien protecteur et se réfugier chez lui. Le Diable vit dans un appartement au dernier étage d’un immeuble abandonné, au milieu des ordures. Tout est négligé et morne et les flammes de la cheminée sont fausses. La protagoniste elle-même doute de l’existence du Diable et de l’enfer. Elle fait retour dans le monde où est présent un enfer bien réel, celui d’une «agence de conversation téléphonique». Les deux écrivains empruntent des voies différentes pour la description de l’enfer, mais ils aboutissent au même résultat: la mise en cause des catégories du réel et du fantastique, qui oblige le lecteur à s’interroger constamment sur les modalités de la narration. L’enjeux principal de ces romans de l’extrême contemporain est donc une réflexion critique sur la réalité que nous vivons, à travers la représentation de lieux infernaux qui en sont un miroir déformé.

Enfers postmodernes: La Femme changée en bûche de Marie NDiaye et Au piano de Jean Echenoz

Quaglia, Elena
2014-01-01

Abstract

La littérature de l’extrême contemporain produit ses propres figurations des lieux infernaux, dans lesquelles la réécriture de la tradition s’accompagne d’inventions ludiques et ironiques. Jean Echenoz dans Au piano (Minuit, 2003) représente un au-delà composite: après sa mort, le protagoniste se retrouve dans un «Centre de tri» des âmes, à mi-chemin entre un hôpital et un grand hôtel; d’ici il sera envoyé dans un enfer qui n’est rien d’ autre que le monde réel, dans lequel cependant il ne pourra reprendre sa vie précédente. Dans Une femme changée en bûche de Marie NDiaye (Minuit, 1989), la protagoniste tue son enfant grâce à l’aide du Diable et prend le train pour aller revoir son ancien protecteur et se réfugier chez lui. Le Diable vit dans un appartement au dernier étage d’un immeuble abandonné, au milieu des ordures. Tout est négligé et morne et les flammes de la cheminée sont fausses. La protagoniste elle-même doute de l’existence du Diable et de l’enfer. Elle fait retour dans le monde où est présent un enfer bien réel, celui d’une «agence de conversation téléphonique». Les deux écrivains empruntent des voies différentes pour la description de l’enfer, mais ils aboutissent au même résultat: la mise en cause des catégories du réel et du fantastique, qui oblige le lecteur à s’interroger constamment sur les modalités de la narration. L’enjeux principal de ces romans de l’extrême contemporain est donc une réflexion critique sur la réalité que nous vivons, à travers la représentation de lieux infernaux qui en sont un miroir déformé.
2014
enfer; Marie NDiaye; Jean Echenoz; postmoderne
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