Les guerres civiles qui ont ensanglanté la France dans la seconde moitié du XVIe siècle constituent sans aucun doute la toile de fond des Essais et de l’existence même de Montaigne. S’il choisit le silence à propos de la Saint-Barthélemy, il ne renonce pas pour autant à réfléchir sur la guerre, sur la dignitas et sur la miseria hominis, en s’inspirant d’hommes-phares de l’Antiquité et de son époque. Cet article analyse donc la présence, dans les Essais, du médecin Jean Wier, qui avait affirmé la nécessité de la tolérance vis-à-vis des prétendues sorcières et que Montaigne évoque dans Des boyteux pour stigmatiser la raison « boiteuse » de certains de ses contemporains (dont Bodin) ; de Lilio Gregorio Giraldi et de Castellion, deux victimes illustres de ce siècle de fer et deux noms parlants qui renvoient aux valeurs et aux idéaux de tolérance et d’universalisme chrétien propres des milieux cultivés de Bâle ; et enfin, de Michel de L’Hospital, magistrat et écrivain comme Montaigne qui partage avec lui la quête de la vérité et l’importance accordée, d’une part, à la clémence et à la tolérance, de l’autre, à l’amitié. Face aux troubles qui affectent le corps malade de la France, c’est finalement à un historien ancien, Tacite, que Montaigne et bien de ses contemporains s’adressent pour chercher une thérapie, que cet Hippocrate de la politique pouvait leur offrir sous la forme d’aphorismes.

"J'essaye de soubstraire ce coing à la tempeste publique, comme je fay un autre coing en mon ame" (II, 15,617). Montaigne e le guerre di religione, frammenti di una riflessione

rosanna gorris
2021-01-01

Abstract

Les guerres civiles qui ont ensanglanté la France dans la seconde moitié du XVIe siècle constituent sans aucun doute la toile de fond des Essais et de l’existence même de Montaigne. S’il choisit le silence à propos de la Saint-Barthélemy, il ne renonce pas pour autant à réfléchir sur la guerre, sur la dignitas et sur la miseria hominis, en s’inspirant d’hommes-phares de l’Antiquité et de son époque. Cet article analyse donc la présence, dans les Essais, du médecin Jean Wier, qui avait affirmé la nécessité de la tolérance vis-à-vis des prétendues sorcières et que Montaigne évoque dans Des boyteux pour stigmatiser la raison « boiteuse » de certains de ses contemporains (dont Bodin) ; de Lilio Gregorio Giraldi et de Castellion, deux victimes illustres de ce siècle de fer et deux noms parlants qui renvoient aux valeurs et aux idéaux de tolérance et d’universalisme chrétien propres des milieux cultivés de Bâle ; et enfin, de Michel de L’Hospital, magistrat et écrivain comme Montaigne qui partage avec lui la quête de la vérité et l’importance accordée, d’une part, à la clémence et à la tolérance, de l’autre, à l’amitié. Face aux troubles qui affectent le corps malade de la France, c’est finalement à un historien ancien, Tacite, que Montaigne et bien de ses contemporains s’adressent pour chercher une thérapie, que cet Hippocrate de la politique pouvait leur offrir sous la forme d’aphorismes.
2021
978-2-406-11912-8
Montaigne/Guerre/Religion/Essais
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