Le volume «Le Cygne»: Joachim Du Bellay et l’Italie réunit les Actes des trois colloques organisés par le Gruppo di Studio sul Cinquecento Francese, dans le cadre du projet DUBI, qui se sont tenus, à Vérone, à Palazzo Pompei, en février 2018 (DUBI I), en novembre 2018 (DUBI II) et en novembre 2019 (DUBI III). Les contributions du volume analysent les principaux aspects des rapports entre Joachim Du Bellay et l’Italie : ses réseaux romains et italiens en général, à l’ombre du puissant clan Du Bellay et de leur action diplomatique et religieuse; ses rapports avec les principales familles italiennes de l’époque, comme les Farnèse; la question de l’italianisme, de l’influence de la langue et des théories linguistiques italiennes; la présence en Italie de précieux recueils factices de Du Bellay à Milan, à Pavie, à Venise, à Rome, à Modène. Le réseau intertextuel de du Bellay est particulièrement dense, à partir des giolitine vénitiennes, desquelles le poète reprend non seulement l’inspiration pour des sonnets de l’Olive, comme les célèbres 112 (Gambara) et 113 de L’Olive (Daniello), mais aussi la forme-genre du recueil unitaire, du canzoniere. Dans Les Regrets, où Du Bellay évoque la déchéance et la corruption des mores, les auteurs italiens jouent encore un rôle crucial : à l’inspiration du néo-pétrarquisme dans sa dimension spirituelle, s’ajoutent d’autres modèles poétiques, comme les Cento sonetti de Alessandro Piccolomini, ou les poèmes de Vittoria Colonna, des modèles qui révèlent, en outre, des connivences spirituelles de la part du poète français avec des milieux particuliers, comme l’Accademia degli Intronati, les frères Socini, Flaminio, etc. Dans ses vers imprégnés de l’influence des plus grands humanistes d’Italie Du Bellay, en outre, ressasse, comme des fils rouges, dit et redit ses obsessions, ses inquiétudes et son questionnement identitaire, mais il se joue aussi obliquement de l’obsession psycho-biographique, en mettant en œuvre des hybridations, des parodies, des masques, des détournements subtils, des variations, des impostures plus ou moins déclarées ou conscientes sur son identité complexe et déchirée, entre deux. Le ressassement de sa condition de poète exilé, de cygne-ménager enchante le lecteur et lui permet de créer une identité auctoriale, personnelle et originale, ainsi qu’une posture pour certains aspects « mineure », mais poreuse comme celle d’un passeur des mondes, qui télescope ses lecteurs dans un univers autre, lointain, géographiquement et culturellement, voire linguistiquement.
"Un cygne nouveau": Du Bellay et l'Italie
rosanna gorris camos
2021-01-01
Abstract
Le volume «Le Cygne»: Joachim Du Bellay et l’Italie réunit les Actes des trois colloques organisés par le Gruppo di Studio sul Cinquecento Francese, dans le cadre du projet DUBI, qui se sont tenus, à Vérone, à Palazzo Pompei, en février 2018 (DUBI I), en novembre 2018 (DUBI II) et en novembre 2019 (DUBI III). Les contributions du volume analysent les principaux aspects des rapports entre Joachim Du Bellay et l’Italie : ses réseaux romains et italiens en général, à l’ombre du puissant clan Du Bellay et de leur action diplomatique et religieuse; ses rapports avec les principales familles italiennes de l’époque, comme les Farnèse; la question de l’italianisme, de l’influence de la langue et des théories linguistiques italiennes; la présence en Italie de précieux recueils factices de Du Bellay à Milan, à Pavie, à Venise, à Rome, à Modène. Le réseau intertextuel de du Bellay est particulièrement dense, à partir des giolitine vénitiennes, desquelles le poète reprend non seulement l’inspiration pour des sonnets de l’Olive, comme les célèbres 112 (Gambara) et 113 de L’Olive (Daniello), mais aussi la forme-genre du recueil unitaire, du canzoniere. Dans Les Regrets, où Du Bellay évoque la déchéance et la corruption des mores, les auteurs italiens jouent encore un rôle crucial : à l’inspiration du néo-pétrarquisme dans sa dimension spirituelle, s’ajoutent d’autres modèles poétiques, comme les Cento sonetti de Alessandro Piccolomini, ou les poèmes de Vittoria Colonna, des modèles qui révèlent, en outre, des connivences spirituelles de la part du poète français avec des milieux particuliers, comme l’Accademia degli Intronati, les frères Socini, Flaminio, etc. Dans ses vers imprégnés de l’influence des plus grands humanistes d’Italie Du Bellay, en outre, ressasse, comme des fils rouges, dit et redit ses obsessions, ses inquiétudes et son questionnement identitaire, mais il se joue aussi obliquement de l’obsession psycho-biographique, en mettant en œuvre des hybridations, des parodies, des masques, des détournements subtils, des variations, des impostures plus ou moins déclarées ou conscientes sur son identité complexe et déchirée, entre deux. Le ressassement de sa condition de poète exilé, de cygne-ménager enchante le lecteur et lui permet de créer une identité auctoriale, personnelle et originale, ainsi qu’une posture pour certains aspects « mineure », mais poreuse comme celle d’un passeur des mondes, qui télescope ses lecteurs dans un univers autre, lointain, géographiquement et culturellement, voire linguistiquement.I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.