Cette contribution étudie le rapport, encore peu exploré, entre Joachim Du Bellay et son disciple et émule Jacques Grévin, et notamment le vaste réseau intertextuel qui parcourt les œuvres de ces deux poètes, la méditation sur le sort de Rome occupant une place centrale dans leurs vers. Comme chez Du Bellay, Rome est en effet l’un des fils rouges de la poésie de Grévin, une présence qui l’obsède, incontournable, et non seulement pour des visées critiques et satiriques, ce qui explique l’influence considérable des Antiquitez de Rome sur sa production poétique et théâtrale. Dans un premier temps, nous portons notre attention sur la tragédie de César, qui est le résultat d’une «technique complexe d’imitation créatrice», dans la mesure où Grévin puise dans plusieurs sources, d’un côté les Antiquitez, les giolitine et le Julius Caesar de Muret, de l’autre ses textes anciens les plus chers, de Lucain à Nicandre, pour nous restituer un César qui identifie son destin à celui de Rome mais qui devient aussi l’emblème de toute destinée humaine vouée, dès sa naissance, à la mort. S’il doit beaucoup aux Antiquitez, le César de Grévin s’inspire également d’un autre texte de Du Bellay, à savoir les Furies publiées en 1561, les échos intertextuels se manifestant surtout dans les Actes IV et V, où la rhétorique de la malédiction et de la haine se déchaîne. Dans la deuxième partie de cette contribution, nous proposons ensuite une étude approfondie des vingt-quatre sonnets romains de Grévin, également connus sous le titre de Ruynes de Rome et regorgeant de statues qui deviennent des icônes qui cristallisent la douleur éternelle. Contrairement à Du Bellay qui croit en la puissance des vers et en l’immortalité poétique, Grévin, dans son portrait mélancolique d’une « Rome desguisée », héroïne tragique destinée à la mort,met en évidence le contraste entre la corruption et la caducité des choses humaines et l’éternité du divin.
"J'eusse tousjours vescu au pied de ma montaigne": Du Bellay et Grévin, cygnes romains
Rosanna Gorris Camos
2021-01-01
Abstract
Cette contribution étudie le rapport, encore peu exploré, entre Joachim Du Bellay et son disciple et émule Jacques Grévin, et notamment le vaste réseau intertextuel qui parcourt les œuvres de ces deux poètes, la méditation sur le sort de Rome occupant une place centrale dans leurs vers. Comme chez Du Bellay, Rome est en effet l’un des fils rouges de la poésie de Grévin, une présence qui l’obsède, incontournable, et non seulement pour des visées critiques et satiriques, ce qui explique l’influence considérable des Antiquitez de Rome sur sa production poétique et théâtrale. Dans un premier temps, nous portons notre attention sur la tragédie de César, qui est le résultat d’une «technique complexe d’imitation créatrice», dans la mesure où Grévin puise dans plusieurs sources, d’un côté les Antiquitez, les giolitine et le Julius Caesar de Muret, de l’autre ses textes anciens les plus chers, de Lucain à Nicandre, pour nous restituer un César qui identifie son destin à celui de Rome mais qui devient aussi l’emblème de toute destinée humaine vouée, dès sa naissance, à la mort. S’il doit beaucoup aux Antiquitez, le César de Grévin s’inspire également d’un autre texte de Du Bellay, à savoir les Furies publiées en 1561, les échos intertextuels se manifestant surtout dans les Actes IV et V, où la rhétorique de la malédiction et de la haine se déchaîne. Dans la deuxième partie de cette contribution, nous proposons ensuite une étude approfondie des vingt-quatre sonnets romains de Grévin, également connus sous le titre de Ruynes de Rome et regorgeant de statues qui deviennent des icônes qui cristallisent la douleur éternelle. Contrairement à Du Bellay qui croit en la puissance des vers et en l’immortalité poétique, Grévin, dans son portrait mélancolique d’une « Rome desguisée », héroïne tragique destinée à la mort,met en évidence le contraste entre la corruption et la caducité des choses humaines et l’éternité du divin.File | Dimensione | Formato | |
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