La panthère et le cobra

Gorris, Rosanna
2021-01-01

2021
978-2-86906-768-4
Cléopâtre, littérature, histoire de l'art, théâtre, science, iconographie
Le volume Hieroglyphica : Cléopâtre et l’Égypte, entre France et Italie à la Renaissance, dirigé par Rosanna Gorris Camos pour la prestigieuse collection « Renaissance » des Presses Universitaires François Rabelais, réunit vingt-sept contributions consacrées aux “innombrables visages” de la célèbre reine d’Égypte. Le volume s’ouvre par une préface de Rosanna Gorris Camos, La panthère et le cobra, visant à introduire les questions abordées dans cet important travail et à retracer de façon détaillée les nombreux portraits, artistiques et littéraires, que Cléopâtre incarne à la Renaissance, une époque profondément fascinée par la culture égyptienne et par les secrets de son écriture « en prise directe avec les mystères de l’univers ».Victime de l’agressive propagande romaine, la souveraine “à la double identité”, grecque et égyptienne, traverse les siècles grâce aux noms les plus illustres de l’Antiquité, tels que Dion Cassius, Plutarque ou Lucain, restituant une image du personnage historique qui oscille entre « fascination et répulsion, entre lumière et ombre », écrit Rosanna Gorris Camos. C’est à partir de cette version littéraire de la reine d’Égypte, en tant que véritable icône noire de l’histoire ancienne, que l’auteur de la préface analyse les évolutions touchant la “Cléopâtre renaissante”, dont les humanistes d’Italie et de France commencent à connaître et à célébrer l’immense érudition linguistique, littéraire et scientifique. Rosanna Gorris Camos met en lumière cette profonde transformation de l’ancienne meretrix regina en véritable femme exemplaire, non seulement pour son savoir immense, nourri de « philosophie, de science et de médecine », mais aussi pour son courage, l’amenant à choisir le suicide à la soumission aux romains. Objet d’un véritable revival en Italie pendant les années 1550, le mythe de Cléopâtre émaille les pièces tragiques d’Alessandro Spinelli, de Giovanbattista Giraldi Cinthio, dépeignant une femme « héroïque et mélancolique » qui ressemble à une nouvelle Phèdre, ou de Giulio Landi, dont La vita di Cleopatra, publiée à Venise en 1551, se révèle d’une importance cruciale : d’un côté puisque l’auteur fait de la protagoniste l’exemplum d’une vie entièrement consacrée à l’acquisition des savoirs, des langues étrangères à la civil conversazione, de la cosmétique à la médecine, mais aussi car il change la valeur de certains éléments condamnés par les auteurs anciens, tels que la beauté de la souveraine ou le luxe dont elle s’entoure, devenant chez Landi les signes de la nature divine du personnage. Dans la même lignée s’insère la Cléopâtre captive d’Étienne Jodelle, un ouvrage à l’intertexte extrêmement riche, s’inspirant des sources anciennes comme Euripide ou Plutarque ainsi que des textes contemporains tels que le Iulius Cæsar de Marc-Antoine Muret, qui s’impose dans le contexte français et ouvre la voie aux travaux d’autres humanistes illustres, parmi lesquels Jacques Grévin, célébrant à l’exemple de Jodelle la profonde liberté et la dignité inviolable de la reine égyptienne qui choisit de mourir plutôt que de perdre sa dignité civile et personnelle en se soumettant aux ennemis, ou Robert Garnier, qui exploite dans sa pièce tragique, Marc-Antoine, le corps de Cléopâtre ainsi que « toutes les ressources de la rhétorique des passions ». Ce que Rosanna Gorris Camos met en évidence en traçant l’évolution du mythe de Cléopâtre entre France et Italie au XVIe siècle, est la transformation du portrait littéraire d’un personnage extrêmement complexe et, pour certains aspects, destiné à rester ambigu et mystérieux. La reine d’Égypte, une femme au pouvoir immense, d’une grande beauté, toujours poussée par la lumière de sa vaste érudition et par un amour profond de la liberté, nourrit l’imaginaire « des poètes, des peintres et des hommes » d’Orient et d’Occident, cristallisant dans son visage non seulement les angoisses des ennemis romains, faisant de cette souveraine l’incarnation de l’aplestos, mais aussi les désirs animant la Renaissance irrégulière, inquiète d’Italie et les fantasmes de l’Humanisme français, appelé à « concilier l’héritage ancien avec la conception chrétienne de la vie humaine ».
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Utilizza questo identificativo per citare o creare un link a questo documento: https://hdl.handle.net/11562/1042580
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