« La perle et le serpent » : Cléopâtre entre histoire, science et hermétisme

Gorris, Rosanna
2021-01-01

2021
978-2-86906-768-4
Cléopâtre, Jacques Grévin, médecine, hermétisme
Dans l’article « La perle et le serpent » : Cléopâtre entre histoire, science et hermétisme, Rosanna Gorris Camos explore la complexe iconographie d’une femme de pouvoir qui a fasciné les époques les plus éloignées, Cléopâtre, en analysant une série d’œuvres littéraires parues au cours du XVIe siècle, où s’imposent les images de la perle, évoquée à plusieurs reprises par des auteurs anciens comme Pline ou Plutarque, et du serpent, l’animal étroitement lié à la mort de la célèbre reine d’Égypte, mais aussi à son immense savoir médical et pharmacologique. Rosanna Gorris Camos met en lumière les nouvelles significations et les innombrables facettes que prend le thème de la perle parfaite, auparavant associée au « luxe effréné » ou à la « prodigalité insensée » de Cléopâtre, chez des auteurs italiens et français comme Giulio Landi, Guy Le Fèvre de la Boderie et Valerio Saluzzo della Manta, en relevant que si le poète kabbaliste et disciple de Guillaume Postel allie dans ses œuvres la perle « juive, ronde, parfaite et pure » à la perle noire, renvoyant à une femme qui incarne la Reine machiavélique, l’auteur de la célèbre Vita di Cleopatra et le Sieur de la Manta font de cet objet précieux l’emblème de la Pallas des poètes, Marguerite de France, ainsi que le symbole de l’Unio, un terme latin devenu central au XVIe siècle dans le discours sur les pierres précieuses, mais aussi dans la réflexion spirituelle visant à atteindre la « vérité tant recherchée ». La présence du serpent, d’autre part, est profondément liée à l’immense savoir de la reine d’Égypte et, notamment, à son « obsession pour les poisons ». L’auteur relève l’intérêt que Cléopâtre suscite au XVIe siècle en tant que femme jouant un rôle crucial dans la « renaissance intellectuelle » de son époque et, en particulier, dans l’essor des sciences médicales. Ainsi, à l’image de la reine égyptienne véhiculée par l’agressive propagande romaine, faisant de Cléopâtre une femme cruelle qui testait les poisons sur ses prisonniers, s’opposent à la Renaissance les représentations de Giulio Landi, évoquant dans sa Vie de la Reine sa « hantise de savoir », ou de Jacques Grévin, publiant en octobre 1567 ses Deux livres des Venins dont un blason est entièrement consacré à l’aspic, le serpent responsable de la mort de la souveraine d’Égypte. Dans ce dernier ouvrage à l’intertexte jodellien et nourri de différentes disciplines, de la science à la poésie, de l’histoire à la médecine, Grévin analyse de manière minutieuse les différents aspics et les diverses morsures, en s’appuyant d’un côté sur des sources capitales telles que Nicandre, Galien ou Lucain, mais refusant en même temps d’alimenter les superstitions dépeignant Cléopâtre comme une icône noire qui, avant de se suicider, aurait mené des expérimentation sur ses deux « fidèles suivantes » : Naera et Charmium. L’étude approfondit et enrichit les innombrables visages de Cléopâtre à la Renaissance et la profonde valeur attribuée à ces symboles : la perle et le serpent, constituant l’occasion d’entamer une réflexion « philosophique, scientifique et mystique complexe », mais aussi le Sphinx, figure émaillant le texte de Saluzzo della Manta, La Sphinge, qui réunit « sapience et ignorance » et cristallise encore la pensée et les espoirs poétiques, politiques, spirituels des humanistes de l’époque, espoirs adressés les plus souvent à la « Minerve céleste et divine », Marguerite-Pallas, et dessinant une nouvelle Cléopâtre, moins inquiétante et plus rassurante, mais en même temps encore profondément mystérieuse.
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Utilizza questo identificativo per citare o creare un link a questo documento: https://hdl.handle.net/11562/1042579
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